On a, à mon avis une vision erronée du désir sexuel. On a l’impression qu’il doit se situer au zénith en tout temps sans quoi c’est certainement signe que quelque chose ne va pas. À part durant la grossesse ou quelques semaines après l’arrivée d’un bébé où, au contraire on considère que la normalité est plutôt de ne pas avoir de désir.
Pourtant, il n’en est rien. Le désir sexuel, comme bien des choses, fluctue au fil des heures, des jours, des mois, des années, des événements. Et c’est très bien ainsi. Il est lié à notre histoire, à qui on est, aux événments qu’on rencontrera sur notre chemin. On sera bien évidemment influencé par la mort d’un proche, un stress au travail, un nouveau partenaire etc. Chaque personne, magnifiquement unique, réagira différement selon les événements. Pour certains, les événements stressants augmenteront l’envie d’avoir des relations sexuelles alors que pour d’autre, le stress prendra toute la place et créera plutôt une baisse de désir
Bien présent de plusieurs façons, le désir fait indéniablement partie de nos vies. Lorsqu’évoqué, nos premières pensées se dirigent généralement vers le désir passionnel, celui qui nait instantanément d’un contact visuel ou d’un souvenir. Celui qui bouscule tout et renverse sans discernement ce qui se trouve sur son passage. Alors que celui qui nait de la complicité, de la douce intimité partagée, celui qui se fraie lentement un chemin de câlins rassurants en caresses délicates n’est pas moins important.
On peut aussi penser qu’aussitôt ressenti, le désir devra être assouvi. Pourtant, le laisser exister peut être fort agréable. Pourquoi ne pas apprendre à « érotiser l’attente »? Un peu comme quand on décide d’aller chercher un café. À chaque pas on profite déjà du plaisir anticipé que nous procurera ce café. On savoure déjà les arômes, on se réjouit à l’avance du bien-être que sa chaleur nous apportera. Peu importe que le dit café soit à la hauteur de nos attentes, le moment passé à le désirer ne sera jamais perdu. En laissant le désir grandir avant de l’assouvir, on pourrait être surpris de son ampleur et de son effet sur la suite des choses.
Bref, le désir est complexe et profond, c’est ce qui fait sa beauté. Il gagne à être observé, compris et surtout, ressenti.